La région de nord-ouest

Le nord-ouest de l'Argentine avec les provinces de San-Salvador de Jujuy et Salta est le temple des quebradas. Il n'y a pas franchement de traduction française pour ce mot: certains pensent à gorges, mais la connotation d'étroitesse des gorges "à la française" ne peut pas s'appliquer à l'immensité des vallées argentines. La définition de quebrada donnée par les argentins eux-mêmes est celle d'une vallée au milieu de laquelle coule une rivière.

Salta

Salta, une grande ville dans une cuvette entourée de 7 collines, est une des villes les plus touristiques de l'Argentine. Alors que depuis Mendoza, nous étions vraiment plongés dans l'Argentine, parfois profonde comme à San-Augustin, parfois dynamique comme à Tucuman, une grande quantité de touristes étrangers se sont retrouvés à Salta pour découvrir ses splendeurs.

Salta vue des ses hauteursUne promenade incontournable consiste à prendre le téléphérique (où les marches - il y en a plus d'un millier - pour les plus courageux) pour grimper sur une des collines de Salta pour avoir un point de vue remarquable sur la cité. On peut alors observer la structure stricte des rues formant des carrés. Evidemment un bar en haut permet de se rafraîchir et de prendre un peu le soleil qui d'après les habitants est omniprésent. En cette toute fin de juillet, il y fait néanmoins très froid le matin et relativement frais dès que le soleil se couche. Mais le midi, c'est très agréable de se promener dans cette ville.

A part les parcs et places, comme dans toutes les autres villes Argentines, on trouve beaucoup d'églises, toutes plus belles les unes que les autres, et de nuit certaines offrent des éclairages nouveaux.

Eglise de jourEglise de nuit

De très nombreuses agences de voyages proposent de non moins nombreuses excursions. Celles qui nous paraissent incontournables sont celle de la quebrada d'Humahuaca et celle des vallées Calchaquiès. Nous avons choisi de prendre une voiture avec chauffeur, le hasard a voulu que nous soyons seul avec le même chauffeur pour ces trois jours d'excursions. La première, à Humahuaca, a été négociée à 240 pesos pour 3 personnes, et la deuxième à 375 pesos pour les deux jours et 3 personnes.

L'autre excursion, el tren a las nubes, est relativement cher (189 pesos par personne) et finalement ne présente qu'un intérêt limité par rapport aux splendeurs des deux autres.

La quebrada de Humahuaca

La plus belle de toutes les quebradas, et à ce titre, elle fait partie du patrimoine mondial de l'humanité. Je n'avais encore jamais vu de telles couleurs de roches s'exposer au regard de l'homme. Les couleurs de la roche sont données par différents oxydes dont, pour les plus courants, les oxydes de fer (couleur rouge), de cuivre (vert), de soufre (jaune) et de plomb (gris). En fonction de la quantité de ses oxydes, les teintes sont différentes permettant des jeux de couleurs spectaculaires.

La quebrade d'Humahuca

De plus 2 autres couleurs venaient se rajouter à ce tableau qui changeait tout les kilomètres: le bleu limpide du ciel, et le blanc des nuages.

Purmamarca

La visite commence tôt: départ 7h de Salta. Nous dépassons Jujuy au lever du soleil. Les couleurs apparaissent vraiment quelques kilomètres plus loin pour atteindre son paroxysme à Purmamarca à 70km au nord de Jujuy. On doit quitter la route d'Humahuaca et se diriger sur quelques kilomètres vers l'ouest pour atteindre ce village et voir el cierro a las siete colores (la colline aux sept couleurs). Cette colline se dresse derrière le village et semble un rempart pour les voyageurs: impossible de la rater. D'ailleurs, les chauffeurs de toutes les excursions en car s'arrêtent aux mêmes endroits prédéfinis, pour que les touristes puissent prendre les meilleurs clichés et participer à l'économie locale.

Purmamarca: la colline au sept couleurs

Cactus dans les ruines de TilcaraTilcara

De retour sur la route d'Humahuaca, l'escale suivante est à Tilcara, où avant d'entrer dans la ville, se trouvent des ruines indiennes plus modestes que celle de Quilmes, mais se situent dans un cadre féerique. Et comme à Quilmes, un champs de cactus a envahi les ruines qui n'ont pas été restaurées.

Un peu plus loin sur la route, un monument marque le passage du tropique du Capricorne et n'offre aucun intérêt.

Humahuaca

Nous arrivons alors au but de cette escapade: la ville d'Humahuaca situé à environ 3000 m  d'altitude. La quebrada continue encore plus au nord, et la route arrivera finalement à La Quiaca qui marque la frontière avec la Bolivie.Cimetière d'Humahuaca Nous prenons avec nous un guide local (nous n'avons pas trop eu le choix apparemment mais nous n'avons pas tout compris) qui nous escorte alors dans la ville. Un instant, pourtant, nous avons échappé à sa surveillance, en faisant le tour du monument qui domine le place principale, ce qui nous a permis d'entrer dans le cimetière, magnifiquement décoré d'une grande quantité de fleurs.

Les restaurants n'y sont vraiment pas chers (on se rapproche de la Bolivie) et tout le monde semble vivre pour et du tourisme.

Le retour fut tout aussi magnifique, et comme le soleil offrait une luminosité et un éclairage différent, nous avons pu observer l'autre coté de la route. Le coté Est de la route est sans doute beaucoup moins coloré.

Quebrada d'humahuaca

Jujuy et le retour à Salta

Nous nous sommes arrêtés qu'une demi-heure à Jujuy afin de voir sa cathédrale et le palais du gouverneur qui bordent la place principale. Cela doit être une jolie ville mais le soir tombait, et il nous restait encore de la route pour rentrer à Salta. Une route, d'ailleurs qui mérite le détour, car comme entre Tucumán et Tafi del Valle, elle se faufile au milieu d'une forêt luxuriante, placée ici sur le flanc de plusieurs collines, alors qu'à chaque extrémité de la route, se trouve un désert aride.

El tren a las nubes

Le surlendemain de cette mémorable journée et après une journée de repos, nous avons pris un des rares trains qui subsistent en Argentine. Sur cette voie de chemin de fer, il existe deux trains, le train de marchandises sur lequel se raccordent un ou deux wagons de passagers, et - celui que nous avons pris - le train touristique.

Le train dans les nuagesLe train touristique est composé de 9 voitures, dont 8 de touristes et un wagon restaurant (le déjeuner est en option et en surplus sur le tarif). Dans chaque voiture, se trouve un guide qui parle plusieurs langues, et afin de faciliter l'organisation, nous avons eu l'impression que les organisateurs regroupaient les touristes d'une même langue dans un même wagon. C'est ainsi que nous étions une dizaine de français dans le wagon, auxquels venaient s'ajouter des suisses et un belge. Ce guide nous indiquait donc chaque étape dans le voyage, chaque point remarquable où il fallait prendre une photo. Pour en prendre une, il faut soulever la fenêtre pour éviter les réflexions de la vitre, car nous ne faisons que deux arrêts durant le voyage: le premier sur un viaduc impressionnant perché à 4200m d'altitude, et le deuxième à San-Antonio de los Cobres, à quelques kilomètres de là et qui "ne" culmine qu'à 4000m.

En fait, une route suit le train pendant une bonne partie du voyage, dans la quebrada del toro et au delà, et les touristes qui ont préférés faire l'excursion en voiture peuvent plus facilement voir l'architecture de la voie ferrée qui se compose de:

Lamas sur les hauts plateauxEn revanche, la dernière partie du trajet, s'effectue sur des hauts plateaux désertiques loin de la route, et de belles photos sont à prendre. Quelques troupeaux de lamas en liberté, font mine de fuir au passage du train.

Le retour est cependant plus laborieux: un film est proposé puis alors que la nuit est tombée et qu'on ne peut plus rien voir dehors, des groupes musicaux locaux viennent, tout en faisant leur promotion, agrémenter cette fin de voyage qui s'achève cers 22h.

Las Valles Calchaquies

Carte du circuit Salta-Cachi-Cafayate-SaltaDe nouvelles quebradas, moins colorées (quoique!) mais toutes aussi impressionnantes. Ce circuit de deux jours part de Salta pour rejoindre Cachi par Payogasta.

Entre Salta et Cachi

La route est très difficile (chemins de terre d'une seule voie) dans un paysage qui ressemble, au début, énormément à celui de la quebrada d'Humahuaca: des montagnes multicolores dans un désert où très peu d'arbustes arrivent à pousser.

Route de CachiPuis petit à petit la roche perd ses couleurs pour devenir gris terre, mais les distances s'agrandissent. Le nombre de kilomètres est relativement faible (80km) sur cette route de terre, mais il faut bien deux bonnes heures pour les parcourir tellement la route est chaotique et grimpe. Notre chauffeur a bien du mal, d'ailleurs, à éviter que la température du radiateur de la voiture ne monte au delà des 90°. Heureusement, il connaît toutes les rares petites sources qui jalonnent notre chemin afin de refroidir ce radiateur. Il faudra évidemment attendre Cachi pour rencontrer un garagiste. Recta Tin-TinEnfin, arrivé au sommet, la route redevient goudronnée et droite sur une vingtaine de kilomètres: elle est surnommée la recta tin-tin. Elle marque le début du parc national de los Cordones, nom qui fait évidemment référence aux cactus qui semblent être plantés régulièrement de chaque coté de la route.

Entre Cachi et Cafayate

On profite de la pause à Cachi, petite ville structurée autour de sa place centrale d'un hectare comme toutes les autres villes d'Argentine, pour déjeuner. Puis notre périple reprend sur la route national 40, une route qui part de La Quiaca à la frontière Bolivienne pour arriver 5400 km plus loin à Rio Gallegos en Terre de Feu en se faufilant le long les Andes. Elle est ici en terre sur une seule voie, mais on nous a assuré qu'à d'autres endroits elle quadruplait le nombre de ses voies.

Nous nous arrêtâmes à Molinos pour voir un élevage de vigognes, sorte de lamas beaucoup plus fins et apparemment moins fiers. Un arrêt aussi à Angastaco, ancien village qui fut détruit suite à une épidémie dévastatrice de choléra et qui fut reconstruit quelques centaines de mètres plus loin. Ici, nous traversâmes le village, pour passer devant l'ancienne église, seul bâtiment rescapé, pour arriver juste sur la droite, près d'une bâtisse où le propriétaire, connu du chauffeur, fermentait son propre vin qui n'est franchement pas mauvais. Généralement, les excursions, nous a-t-on dit, s'arrêtent ici pour passer la nuit, car ce village se trouve à mi-distance (au niveau temps!) du circuit. Cependant, comme nous voulions arriver tôt le lendemain pour prendre le car de 16h15 pour Asunción, nous avons poursuivi jusqu'à Cafayate.

La route, au détour d'un col, nous offre un paysage inattendu. Comment décrire cet amas de roches qui semblent jaillir de terre tel des stalagmites un peu penchées? Notre chauffeur nous a raconté qu'il adorait se promener les nuits de pleine lune dans ce champ de roches où les ombres et les lumières jouaient à cache-cache. En écoutant ce silence pesant, et en observant, même en plein jour, des formes toutes plus bizarres les unes que les autres, on veut bien croire que le seul éclairage de la lune doit produire son petit effet sur notre imagination en pleine nuit.

La RN 40 zigzagant dans un champ de roche

Puis nous arrivons à la tombée de la nuit à Cafayate, ville très très touristique: les restaurants, hôtels et magasins de souvenirs se succèdent alternativement et sans interruption autour de la place principale. Et évidemment plein de touristes. Mais pourtant, étant donné l'immensité des paysages, il nous avait semblé être seul au monde sur cette route nationale 40. Il y aura en fait plus de monde sur le chemin du retour entre Cafayate et Salta.

De Cafayate à Salta

Le lendemain, commence par une visite de la cave: El Eychart. Le circuit proposait d'en visiter deux mais l'horaire du car nous a imposé de passer par une seule cave et ce n'était pas forcément pour nous déplaire étant donné notre expérience de Mendoza. Et finalement, nous ne regrettons vraiment rien étant donné le caractère industriel de cette usine à vin, certes la plus importante de la région.

Le cadre paysager du retour est encore une quebrada, entièrement de couleur rose - rouge cette fois-ci, avec des formations géologiques représentant un crapaud, ou le Titanic sombrant. Mais bien plus que le Titanic, c'est la sorte d'aubépine d'un jaune - vert remarquable poussant sur de la roche rouge (comme les terrains de tennis en terre battue) qui m'a impressionné. La forme du Titanic (à droite sur la photo) avec ses strates obliques, est le preuve de la tectonique des plaques et de la formation des Andes. Le guide du parc d'Ischigualasto nous avait expliqué que les Andes sont une zone de subduction où la plaque atlantique vient glisser sur la plaque amérindienne.

 

Le voyage se poursuit le long de cette quebrada plutôt verte autour de la rivière qui y coule, mais cette couleur est largement accentuée par la couleur rouge des montagnes qui l'encadre.

Des cavités rocheuses parsèment le parcours, comme l'anfiteatro qui donne l'impression d'être une salle circulaire et découverte dans laquelle on entre par un corridor étroit. Cela a pour effet de créer des phénomènes de sonorisation qui amplifient tout les échos.

Le reste de la route vers Salta n'offrant pas de particularités intéressantes, nous traçons donc vers le tout petit terminal de bus de Salta.